sabato 27 giugno 2015

Nella Vigilia (anticipata) della festa dei Santi Pietro e Paolo: studio sulla celebrazione versus Deum

Nella Vigilia (anticipata) della festa dei Santi Pietro e Paolo, Apostoli, rilancio volentieri questo breve studio sul significato della celebrazione della Messa versus Deum.



Célébrer la messe “face à Dieu”

Par Skeepy


c’est l’une des principales “innovations” liturgiques issues de Vatican II, la messe dite “face au peuple”, par opposition à la messe de forme extraordinaire (ou de rite tridentin) “dos au peuple”. C’est pourtant peut-être l’une des plus contestables.
“Pour le catholique pratiquant ordinaire, les changements les plus patents de la réforme liturgique du second concile du Vatican semblent tenir en deux points: la disparition du latin, et le fait d’avoir tourné les autels vers le peuple. Ceux qui liront les documents de référence seront surpris de constater qu’en vérité ni l’un ni l’autre ne se trouve dans les décrets du concile. (…) Il n’y a rien dans le document conciliaire qui concerne le fait de tourner les autels vers le peuple; ce point n’apparaît que dans les instructions post-conciliaires.” (Joseph Cardinal Ratzinger, L’Esprit de la liturgie, 2006.)

Il y a un certain nombre de raisons, plus ou moins bonnes, qui ont poussé les pères du Concile à proposer ce changement. La principale est que la célébration de la messe “face au peuple”, aiderait les fidèles à avoir une participation active à la messe. Mais tout d’abord, pourquoi a-t-on souhaité une “participation active” des fidèles ?
La constitution apostolique Sacrosanctum Concilium, du Concile Vatican II, nous répond aisément sur ce point. Pour que la liturgie soit efficace, il ne suffit pas d’être présent, il faut une attitude intérieure de participation au mystère, une “actuosa participatio” :
“Mais, pour obtenir cette pleine efficacité, il est nécessaire que les fidèles accèdent à la liturgie avec les dispositions d’une âme droite, qu’ils harmonisent leur âme avec leur voix, et qu’ils coopèrent à la grâce d’en haut pour ne pas recevoir celle-ci en vain. C’est pourquoi les pasteurs doivent être attentifs à ce que dans l’action liturgique, non seulement on observe les lois d’une célébration valide et licite, mais aussi à ce que les fidèles participent à celle-ci de façon consciente, active et fructueuse.” (Sacrosanctum Concilium, §11)

Mais qu’en était-il de la participation des fidèles avant le Concile ? N’était-elle pas déjà active et fructueuse ?

La participation des fidèles avant le Concile

L’histoire de la liturgie a conduit à diviser progressivement, l’église en deux : les célébrants et les fidèles.
Le célébrant s’approche de Dieu, mais, en prononçant les paroles de la liturgie à voix basse, rend la participation complexe. Il faut être attentif à des détails de forme, pour savoir ce qu’il s’y passe (comprendre le sens, où en est le déroulement etc…).
Le côté abscons (langue latine pour les prières, comme pour les lectures, gestes, hochements de têtes, silence…) de la messe, l’a progressivement rendue inaccessible aux fidèles.
“Pour certains esprits, l’attachement exclusif au latin est devenu une question de principe. Pourquoi ? Parce qu’il leur semble que l’usage d’une langue morte exprime, et en même temps protège, ce caractère sacré, transcendant à l’initiative humaine, d’un culte qui doit être accompli pour l’homme, parmi les hommes, mais qui ne peut leur être livré, leur appartenir vraiment. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’aille de pair avec l’attachement rigoureux au latin une volonté de garder à l’accomplissement des rites quelque chose de hiératique, de mystérieux, au point de les rendre inaccessibles aux fidèles. Avec le latin partout, on jugera nécessaire la récitation à voix basse de certaines prières, et en particulier des plus essentielles. On sera farouchement opposé à tout ce qui pourrait faire ressortir ce qu’il y a de commun entre les rites sacrés et les actions simplement humaines : rendre à l’autel sa forme primitive de table apparaîtra scandaleux, avec tout ce qui souligne le fait que la messe est un repas.” (Louis Bouyer, Le Rite et l’Homme, éditions du Cerf, p. 12)

L’impossibilité de rendre la forme tridentine accessible à tous, opère un glissement. Pour aider à entrer dans la messe, on insiste sur le côté “sacré”, par la forme extérieure. La messe devient un théâtre et non le lieu de rencontre de Dieu avec son peuple.
“C’est, pensons nous, d’un idéal de la vie de cour, développé au XVIe et XVIIe siècles, que les catholiques de ce genre ont tiré leur fausse notion du culte public. Un roi de la terre devait être honoré quotidiennement par la pompe d’une cérémonie de cour ; de même le roi du ciel. La liturgie, comme le disent explicitement beaucoup de manuels de cette période, était considérée comme “l’étiquette du Grand Roi”. Les caractéristiques les plus évidentes de ce cérémonial étaient, la pompe extérieure, le décorum et la grandeur qui conviennent à un prince d’une telle majesté. L’absence de toute signification intelligible dans tant de rites, et même dans les paroles sacrées, était donc louée comme rehaussant l’impression de révérence qu’il fallait donner à une foule éblouie” (Louis Bouyer, La vie de la liturgie, éditons du Cerf, p. 15)

Le célébrant lui-même, ne sait pas (ou plus) exactement ce qu’il se passe. Louis Bouyer montre combien, parfois, les explications données par les liturgistes pour tenter d’éclaircir des pratiques qu’ils ne comprenaient plus, étaient éloignées du sens réel de chacun des gestes.
Les fidèles eux, s’ils ne saisissent pas d’entrée le sens du déroulement de l’eucharistie, finissent par “assister” à la messe et non à y “participer”. Il n’y “entrent” pas.
La messe est un spectacle auquel on peut assister en faisant autre chose (comme dire son chapelet par exemple).
Cette tendance est visible, même chez des grands saints comme Saint François de Sales, prend la résolution de toujours dire son chapelet, “quand ses fonctions l’obligeraient à assister à une messe solennelle” (Louis Bouyer, La vie de la Liturgie, éditions du Cerf, p. 12).
La liturgie tridentine, telle que pratiquée à l’époque baroque, puis à l’époque romantique, en rendant la messe difficile à pénétrer, a transformé le mystère en gnose. Le mystère est compris comme devant être “incompréhensible”, parfois même pour le célébrant.
Seuls ceux qui peuvent s’y plonger, peuvent participer réellement. Il faut être initié, pour participer à la messe. Et cette initiation prend du temps. Les objectifs de la réforme liturgique : aider la participation des fidèles.
La réforme liturgique a opéré une révolution au sens propre et au sens figuré. Pour aider la participation des fidèles, il est suggéré de modifier l’architecture des églises et notamment, le positionnement de l’autel.
“Il est bien de construire l’autel majeur séparé du mur, pour qu’on puisse en faire facilement le tour et qu’on puisse y célébrer vers le peuple, et il sera placé dans l’édifice sacré, de façon à être véritablement le centre vers lequel l’attention de l’assemblée des fidèles se tournera spontanément.Dans le choix des matériaux destinés à sa construction et à sa décoration, on observera les règles du droit. En outre, le sanctuaire qui entoure l’autel sera assez vaste pour permettre d’accomplir commodément les rites sacrés.” (Instruction Inter Oecumenici du 26 septembre 1964. Chapitre V, §91.)

“Le siège pour le célébrant et les ministres, selon la structure de chaque église, sera placé de telle façon que les fidèles puissent bien le voir et que le célébrant lui-même apparaisse véritablement comme présidant toute l’assemblée des fidèles. Cependant si le siège est placé derrière l’autel, on évitera la forme d’un trône qui convient uniquement à l’évêque.” (Ibid. §92.)

Le prêtre n’est plus dirigé vers le maître-autel, mais vers l’assemblée. On espère comme cela, rendre la célébration moins obscure, puisque les fidèles voient clairement ce que fait le prêtre, en même temps qu’il prononce la prière eucharistique.

Retourner à une pratique antique

Cette dés-orientation serait justifiée par la constatation faite par certains archéologues, selon lesquels les autels de certaines basiliques antiques, étaient tournés vers le peuple, donc “occidentés” (tournés vers l’occident). L’exemple le plus manifeste étant celui de la basilique St Pierre.
“Dans la basilique de l’Église primitive, l’autel était placé au milieu de l’abside du chœur et le prêtre célébrant se tenait derrière lui, le visage tourné vers le peuple. Il n’y avait sur l’autel ni croix, ni flambeaux. Les sièges de l’évêque et des ecclésiastiques étaient disposés tout autour, le long du mur. Ce n’est que plus tard que l’autel fut repoussé contre le mur, comme il l’est de nos jours” (Alfons Neugart, Handbuch der Liturgie für Kanzel, Schule und Haus (Manuel de liturgie pour la chaire, l’école et la maison), 1926.)

La messe est un “repas”

L’autre objectif est de (re)donner à la célébration eucharistique, sa dimension de “repas”, en référence à la Sainte Cène, dernier repas partagé par le Seigneur avec ses disciples. Par ce biais, la participation des fidèles serait facilitée, car ceux-ci se sentiraient “invités” à cette participation.

Pourquoi cette innovation manque ses buts

La nouvelle configuration n’est pas un “retour” aux sources du christianisme antique

Les raisons archéologiques notamment, semblent issues d’une interprétation erronée de l’archéologie antique. Le journaliste Suisse Vincent Pellegrini, s’appuyant sur les analyses de Uwe van Lang, affirme ainsi :
“[…] [L]es basiliques romaines n’étaient pas tournées vers l’Est (l’entrée avait dû être faite pour accéder depuis la rue, ou il y avait un bâtiment ou des fondations préexistant à l’époque constantinienne, etc.). Bref, l’architecture spéciale de la basilique demandait conséquemment un placement spécial de l’autel (à l’entrée, dans l’abside ou au centre de la nef) et donc une position spéciale du célébrant lui-même par rapport aux fidèles. Dans une basilique comme le Latran par exemple, la cathèdre de l’évêque était placée dans l’abside comme il seyait alors aux plus hauts dignitaires romains dans les basiliques séculières.” (Vincent Pellegrini)

Le cardinal Ratzinger l’affirme également : Il ne fait aucun doute que, dès les tout premiers temps, il allait de soi, pour les chrétiens de tout le monde connu, de prier en direction du soleil levant, c’est-à-dire vers l’est géographique. (Joseph Cardinal Ratzinger, L’esprit de la Liturgie, p 51.)
L’idée selon laquelle célébrer face au peuple serait un retour aux sources de la liturgie de l’Eglise primitive, est donc une erreur, due à de mauvaises connaissances en archéologie, ou au mieux, une mauvaise interprétation de celles-ci. La célébration “face au peuple” ne permet pas réellement de rappeler la dernière Cène.
Les études archéologiques montrent que l’idée de renforcer la dimension de repas de l’Eucharistie, en plaçant l’autel au centre (comme si le prêtre était le maître de maison et les fidèles les convives) relève de l’anachronisme, voire d’un “anatopisme”.
Le repas assis autour d’une table est en effet une tradition relativement récente et typiquement occidentale :
“Dans aucun repas du début de l’ère chrétienne, le président d’une assemblée de convives ne faisait face aux autres participants. Ils étaient tous assis, ou allongés, sur le côté convexe d’une table en forme de sigma, ou d’une table qui avait en gros la forme d’un fer à cheval. L’autre côté était toujours laissé libre pour le service. Donc nulle part, dans l’antiquité chrétienne, n’aurait pu survenir l’idée de se mettre « face au peuple » pour présider un repas. Le caractère communautaire du repas était accentué bien plutôt par la disposition contraire: le fait que tous les participants se trouvaient du même côté de la table.” (Architecture et liturgie, p. 49-50.)

La célébration “face au peuple” renforce l’aspect théâtral de la messe

Lorsqu’il célèbre la messe face aux fidèles, le prêtre est en position d’interface entre Dieu et les fidèles, plutôt qu’en personne visant à les introduire dans le mystère.
Le prêtre faisant face aux fidèles, on pourrait penser qu’il leur parle et que les gestes qu’il fait leur sont destinés. Si l’on observe bien, ce que dit le prêtre est destiné non pas aux fidèles, mais à Dieu. Or, dans la configuration habituelle d’une église, “orientée”, le Christ est représenté par le soleil levant. Le célébrant présente donc son dos à celui à qui il s’adresse, ce qui peut paraître pour le moins étonnant.
Par ailleurs, le prêtre, voyant les fidèles, peut ressentir la nécessité de faire des gestes ou de parler d’une manière “non naturelle”, renforçant l’impression qu’il joue un rôle dans une pièce à laquelle les fidèles assistent.

Pourquoi une célébration face à Dieu ?

Le prêtre délégué du peuple par Dieu

Pour comprendre l’orientation du prêtre, dans la célébration de la Sainte Messe, il faut revenir au sens originel de ce qu’est la messe. En effet, la Messe est avant tout, un sacrifice. C’est l’expression visible, du sacrifice invisible que le Fils rend au Père dans l’éternité.
Dans l’Ancienne Alliance, le Sacrifice consistait dans le fait de présenter une offrande à Dieu. Ce n’était pas les fidèles qui présentaient directement les offrandes. Dieu s’était “détaché” une partie du peuple, d’abord en la personne de Moïse (qui monte à la rencontre de Dieu sur le mont Sinaï), puis au sein de la branche d’Aaron.
Le prêtre est donc choisi par Dieu comme un “délégué” du peuple, qui se présente devant Dieu pour célébrer le sacrifice. Il n’est pas meilleur que le peuple, car il porte le sacrifice également pour sa propre purification.
“Tout grand prêtre, en effet, est pris parmi les hommes ; il est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu ; il doit offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il est capable de compréhension envers ceux qui commettent des fautes par ignorance ou par égarement, car il est, lui aussi, rempli de faiblesse ; et, à cause de cette faiblesse, il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés comme pour ceux du peuple.” (Hébreux 5, 5-7)

Le Grand Prêtre n’est pas choisi pour exclure le peuple du sacrifice, mais bien pour l’y introduire. Il est comme “l’huissier” de la maison de Dieu, celui qui en ouvre les portes pour faire entrer ceux qui attendent au dehors.
Dans le Sacrifice, le prêtre est donc à la fois “délégué” et “huissier” : il se présente devant Dieu, au nom du peuple et invite les fidèles à entrer dans ce mystère. C’est cette double dimension qu’il faut conserver dans la liturgie, pour qu’elle soit comprise à la fois comme sacrifice, comme mystère et comme repas.

Un repas avec Dieu

L’Eucharistie est donc bien un repas. Mais non pas un repas au sens “moderne”. Il s’agit d’un repas “sacré”. C’est le sens originel du “sacrifice” : faire ce qui est sacré. Faire ce que font les dieux. Le faire “avec eux”.
Dans l’Eucharistie, le prêtre est “délégué”, pour partager ce repas avec Dieu. Bien sûr, l’ensemble de l’Assemblée y “communie”. Mais le prêtre est celui qui parle et agit au nom du peuple.
Le rôle du prêtre n’est donc pas de “représenter Dieu” auprès du peuple, comme le laisserait suggérer son positionnement face au peuple, mais bien de représenter le peuple face à Dieu. Il devient, d’après l’expression de Bouyer le “commensal” de Dieu.
Il est donc logique que le prêtre se présente face au tabernacle et tourné vers l’Orient (symbole du Christ Total). Il invite ainsi à sa suite, l’ensemble du peuple de Dieu, à la table du sacrifice.

L’effacement du prêtre au profit du Christ

Dans l’Eucharistie, le Christ est tout à la fois “le prêtre, l’autel et la victime”. Il est le prêtre parce qu’il est celui qui s’offre lui-même, volontairement, librement. Il est la victime, parce qu’il est sacrifié sur la Croix. Il est l’autel, parce que son corps est totalement consacré à Dieu. Il est la “pierre d’angle” sur lequel le sacrifice est réalisé, le rocher duquel jaillit la source de vie.
Le Christ est ainsi le grand prêtre par excellence. Comme l’affirme la lettre aux Hébreux, il dépasse le sacerdoce de l’Ancienne Alliance, parce qu’étant homme parfait, il n’avait pas besoin de présenter de sacrifice pour ses propres péchés. Il se présente devant le Père parfaitement juste. Il porte le péché des hommes pour les offrir au Père :
“En Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.” (Hébreux 4, 14-16)

Or, le Sacerdoce chrétien découle directement du Sacerdoce parfait de la Nouvelle Alliance. Il n’existe pas de prêtre qui soit prêtre pour et par lui-même. Il n’est prêtre qu’en participation du Sacerdoce du Christ. Lorsqu’il officie, le prêtre EST le Christ. Ce dernier “utilise” sa voix, son corps… mais il officie à travers lui.
C’est pourquoi, il semble nécessaire que le prêtre s’efface, afin de laisser transparaître le Christ. Cela semble difficile, si le prêtre se présente face à l’assemblée. Pas seulement pour des raisons théologiques, mais pour des raisons psychologiques.
Voir le visage, c’est percevoir l’être d’une personne. Je sais que c’est untel qui parle : c’est un homme. Je vois ses mimiques, ses grimaces, ses défauts (ou qualités) physiques… J’oublie presque – ou totalement – que c’est le Christ, grand prêtre, qui parle.
Si le prêtre est tourné vers Dieu, je vois un homme, choisi par Dieu, pour présenter “le sacrifice saint, le sacrifice parfait”, offert par le Christ au Père. Je peux comprendre qu’il m’invite à sa suite, afin que je m’avance “avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde”.

Comment assurer une participation active des fidèles tout en respectant la tradition liturgique ?

Une nécessaire “mystagogie”

Le fait que le prêtre officie “face à Dieu”, ne ferme par la porte à la participation active des fidèles, loin de là. Mais, pour parvenir à cet objectif ambitieux, proposé par Vatican II, il nécessaire qu’il existe une véritable formation des fidèles à la compréhension des mystères.
Cette catéchèse sur la liturgie est couramment appelée “mystagogie”, car elle introduit à la compréhension des mystères.
L’Instrumentum Laboris du Synode sur l’Eucharistie de 2005 sur l’Eucharistie, insiste sur la nécessité de la mystagogie. Celle-ci permet aux fidèles de mieux comprendre les signes et symboles de la liturgie, afin de rentrer pleinement dans le mystère.
“[…] il est recommandé que les signes et les symboles exprimant la foi dans la présence réelle soient l’objet d’une mystagogie et d’une catéchèse liturgique appropriées.” (L’Eucharistie : source et sommet de la vie et de la mission de l’Église, Inst. Laboris, 2005, §40.)

Cette mystagogie peut passer par divers moyens, mais la Synode avait souligné le principe de l’homélie mystagogique : une homélie qui explicite un ou plusieurs points de la liturgie.
En comprenant mieux le mystère qui se déroule devant eux, les fidèles peuvent mieux y entrer. Mais encore faut-il pour cela que l’on soit conscient de ce qui se passe.

Être conscient du déroulement de la messe

Il y a une relation entre la manière de célébrer la messe et l’attitude des fidèles. Si la messe n’est pas compréhensible, que l’on n’en perçoit explicitement pas le déroulement, les fidèles pourront difficilement y entrer.
Mais de la même manière, si les fidèles n’adoptent pas une attitude attentive, toutes les innovations possibles ne permettront pas de rendre la messe plus attractive.
Plusieurs changements ont permis aux fidèles de mieux percevoir le déroulement de la messe : le passage à la langue vernaculaire pour les lectures. Le fait que la plupart des prières soient dites à voix haute.
Ces changements restent particulièrement utiles dans le cas où la messe est dite face à Dieu, car les fidèles ne voient pas tous les gestes du prêtre (lors de la Consécration par exemple).
Il revient au prêtre de rendre les différentes phases perceptibles, en articulant suffisamment, en faisant des gestes suffisamment amples (sans être théâtraux), en se retournant vers les fidèles lorsqu’il les invite à prier (“Prions ensemble…”), en pratiquant certains gestes sur le côté de l’autel de manière suffisamment visible (préparation du Calice, lavabo…)
Il revient aux fidèles d’appliquer leur intelligence et leur foi pour vivre pleinement ces différentes étapes, afin de rentrer entièrement dans le mystère.
La liturgie devient donc vraiment cette introduction au mystère : tous les fidèles peuvent y entrer, chacun à sa mesure. C’est vraiment le peuple de Dieu qui s’avance vers lui, le prêtre les précédent, mais pour mieux ouvrir les portes du Royaume des Cieux.

Ce changement est-il possible ?

Notons dans un premier temps, que la célébration “face au peuple”, n’a rien d’une norme liturgique (pas plus que le fait de célébrer en langue vernaculaire par exemple).
Elle n’est, ni plus ni moins, qu’une solution architecturale et esthétique, visant à appliquer l’un des objectifs de la réforme liturgique : permettre la participation active des fidèles.
Comme beaucoup des aspects de la réforme, elle s’est progressivement inscrite comme une obligation, que peu accepteraient de remettre en cause (que ce soit parmi les fidèles ou parmi les clercs).
Par ailleurs, il existe – semble-t-il, un mouvement au sein de l’Église, qui entraîne un remise en question de certains blocages “sociologiques”, qui s’étaient cristallisés sur des questions liturgiques. Le respect de la liturgie n’est plus l’apanage des tradis, tandis que des progressistes ou des chachas voudraient s’extraire des “règles”.
La meilleure compréhension du mystère devient l’affaire de tous. La question de l’orientation de la célébration de l’Eucharistie pourrait donc très bien revenir au centre de la réflexion.
Évidemment, il existe encore des blocages, mais – étant donné l’enjeu et les circonstances actuelles – il n’est pas improbable qu’une telle “contre-réforme” puisse voir le jour sans trop de heurts. Il faudrait pour cela que les évêques invitent les prêtres de leur diocèse, à retrouver, s’ils le souhaitent, cette pratique.
Au prêtre de l’expliquer à leurs fidèles, de manière à ce qu’elle soit comprise, non comme un retour en arrière, mais comme un moyen de mieux pénétrer le mystère de l’Eucharistie !

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