Quando è
nata la Francia? Semplice: il 25 dicembre 496 (o 498) d.C., allorché Clodoveo, miracolosamente
vincitore a Tolbiac, l’odierna Zülpich, a sud-est di Colonia, dopo aver invocato
il “Dio di Clotilde” (la pia moglie, che era cristiana) e vinto così i pagani
Alemanni, fu battezzato dal santo vescovo Remigio di Reims. Da allora, tutta la
Gallia si fece battezzare, divenendo in Occidente la prima Nazione cristiana:
la figlia primogenita e prediletta della Chiesa.
Più che
la predicazione dei missionari, poté dunque una straordinaria e davvero prodigiosa
vittoria militare portare alla cristianizzazione di quella terra pagana. Non
diversamente da quanto avvenne con Costantino: fu la vittoria di Ponte Milvio a
favorire la diffusione della fede cristiana nell’Impero romano.
Nella
festa di santo Stefano, protomartire, rilancio questo contributo in lingua
francese.
Luca Signorelli, S. Stefano, XVI sec., collezione privata |
Ambito di Andrea Sabatini detto Andrea da Salerano, Martirio di S. Stefano, XV sec., collezione privata |
Maestro della marca geometrica, su cartone di Raffaello Sanzio, Lapidazione di santo Stefano, 1550 ca. (?), Museo di Palazzo Ducale, Mantova |
Andrea Vaccaro, S. Stefano condotto al martirio, XVII sec., collezione privata |
Sir Anthony van Dyck, Martirio di S. Stefano, 1622-24, Collezione Egerton, Tatton Park |
Juan Luis Zambrano, Martirio di S. Stefano, XVII sec., Cappella di S. Stefano, Cattedrale, Cordoba |
Luca Giordano, Martirio di S. Stefano, XVII sec., museo civico, Vicenza |
Michele Ricciardi, Lapidazione di S. Stefano, XVIII sec., Museo Nazionale d'Arte Medievale e Moderna della Basilicata, Palazzo Lanfranchi, Matera |
Lorenzo Ghiberti, S. Lorenzo, 1427-28, Chiesa di Orsanmichele, Firenze |
S. Stefano, chiesa domenicana di S. Stefano, Salamanca |
Quand la France naquit à Noël
de Thibault Corsaire
Hautbois jouent et musettes résonnent depuis deux mille
ans, dans la froidure de décembre. Lyres et orgues exaltent la naissance du
Sauveur, qu’acclament les gorges des fidèles. Le Roi des rois naquit à Noël.
C’est à Noël également que naquit la France, terre de prédilection, royaume de
piété, patrie de tant de saints.
Oui, la France naquit à Noël, à
Reims, au milieu des glaives baissés et des guerriers à genoux ; des
Francs ralliés et des prêtres vainqueurs. En
recevant sur sa nuque l’eau sacrée du baptême, des mains ointes de S. Rémi, le
roi Clovis gagnait son armée à la vraie foi. A la clameur du pavois
s’ajoutait la transcendance de la Croix : la France naissait, et elle
était chrétienne.
Miracle que cet accouchement au cœur de l’hiver !
Tandis que se répandait l’eau du baptistère sur une armée convertie, et que
s’ébattait la colombe immaculée, le prodige français voyait le jour. La petite
France ouvrait ses yeux écarquillés sur le monde, elle venait à la vie et
respirait. Sans doute ses premiers cris furent-ils : « Noël !
Noël ! ».
La France venait de naître, en ce
vingt-cinq décembre 496 [1]. Elle
venait de loin : sa conception avait duré non pas neuf mois, mais
cinq siècles.
Déjà, le ménage complexe de l’alouette gauloise et de la
louve capitoline avait commencé de faire apparaître ses membres. Jacques
Bainville ne manqua pas de souligner l’importance capitale de cette antique
gestation, ces cinq-cent ans pendant lesquels la Gaule partagea la vie de
Rome :
« Jamais colonisation n’a été plus heureuse, n’a
porté plus de beaux fruits, que celle des Romains en Gaule. D’autres colonisateurs
ont détruit les peuples conquis. Ou bien les vaincus, repliés sur eux-mêmes,
ont vécu à l’écart des vainqueurs. Cent ans après César, la fusion était
presque accomplie et des Gaulois entraient au Sénat romain. Jusqu’en 472,
jusqu’à la chute de l’Empire d’Occident, la vie de la Gaule s’est
confondue avec celle de Rome. Nous ne sommes pas assez habitués à penser
que le quart de notre histoire, depuis le commencement de l’ère chrétienne,
s’est écoulé dans cette communauté : quatre à cinq siècles, une période de
temps à peu près aussi longue que de Louis XII à nos jours et chargée d’autant
d’événements et de révolutions. Le détail, si l’on s’y arrêtait, ferait
bâiller. Et pourtant, que distingue-t-on à travers les grandes lignes ?
Les traits permanents de la France qui commencent à se former. » [2]
L’ébauche de cette France, celte
de sang et pénétrée de latinité, connaissait déjà le saint nom de Jésus. Martyre et
charité avaient marqué la terre gallo-romaine. Au nom du Christ, la lyonnaise Blandine avait
versé son sang dans les arènes de la capitale des Gaules. En Touraine, S.
Martin avait prodigué la charité, déchirant son pourpre mantel et
l’appliquant sur le dos frêle d’un miséreux.
C’est sur cette terre déjà ondoyée que fondirent les
peuples germaniques. Rome s’écroulait, la Gaule s’abandonnait : la France
était sur le point de naître. Mais le terme n’étais pas encore arrivé. Païens,
les Francs saliens de Mérovée et Childéric tranchaient avec
l’arianisme des autres Germains. S’ils ne confessaient pas la vraie foi et
adoraient encore des idoles, au moins ne versaient-ils pas dans
l’hérésie : situation qui allait se révéler providentielle en vue de la
conversion.
C’est à Clovis, petit-fils de Mérovée, qu’allait incomber
la tâche de faire venir au monde la petite France. Le destin du roi des
Francs semblait se mêler à celui de l’Empereur Constantin. Ce dernier
entrevit le Chrisme au Pont-Milvius [3], et ce
divin signe lui donna la victoire ; le Franc sut vaincre les Alamans à Tolbiac.
Au cœur de l’incertaine mêlée, l’armée franque dut son salut à la Croix.
Les regards du païen se tournèrent vers le Ciel :
« Ô Jésus-Christ, que Clothilde proclame
fils de Dieu vivant, toi qui donnes une aide à ceux qui peinent et qui attribues
la victoire à ceux qui espèrent en toi, je sollicite dévotement la gloire de
ton assistance ; si tu m’accordes la victoire sur ces ennemis et si
j’expérimente la vertu miraculeuse que le peuple voué à ton nom déclare avoir
prouvé qu’elle venait de toi, je croirai en toi et je me ferai baptiser en ton
nom. J’ai, en effet, invoqué mes dieux mais, comme j’en ai fait l’expérience,
ils se sont abstenus de m’aider ; je crois donc qu’ils ne sont doués
d’aucune puissance, eux qui ne viennent pas au secours de leurs serviteurs. C’est
toi que j’invoque maintenant, c’est en toi que je désire croire, pourvu que je
sois arraché à mes adversaires » [4]
« In hoc signo vinces » [5] : le
miracle du Pont-Milvius se répéta à Tolbiac. Clovis était vainqueur ; il
pouvait se convertir.
Tout était prêt pour la naissance. La victoire se penchait sur le berceau de la France. Vieux sang gaulois, génie latin et glaive franc s’étaient réunis autour de la Croix. L’Eglise de saint Rémi, habile sage-femme, sortit avec douceur la tête de notre France. Au milieu des décombres d’un Empire romain depuis vingt ans éteint, la jeune enfant riait. La latinité se muait en Chrétienté ; le nourrisson en serait la fille aînée. Devant elle, les étendards du roi s’avançaient. A Noël, le monde découvrait le nouveau-né, enfant des Romains et des Saliens. A Noël, l’Histoire rencontrait la France. Une croix d’or ornait sa frêle poitrine.
Tout était prêt pour la naissance. La victoire se penchait sur le berceau de la France. Vieux sang gaulois, génie latin et glaive franc s’étaient réunis autour de la Croix. L’Eglise de saint Rémi, habile sage-femme, sortit avec douceur la tête de notre France. Au milieu des décombres d’un Empire romain depuis vingt ans éteint, la jeune enfant riait. La latinité se muait en Chrétienté ; le nourrisson en serait la fille aînée. Devant elle, les étendards du roi s’avançaient. A Noël, le monde découvrait le nouveau-né, enfant des Romains et des Saliens. A Noël, l’Histoire rencontrait la France. Une croix d’or ornait sa frêle poitrine.
[1] 496
ou 498 : la datation exacte est l’objet d’éternels débats.
[2] Jacques
Bainville, Histoire de France (1924).
[3] La
bataille du Pont-Milvius (312) opposa Maxence à Constantin. Peu avant le début
des combats, Constantin vit le Chrisme (conjonction des lettres grecques Chi et
Rho (XP), deux premières lettres du mot Christ, accompagné de la formule
grecques Εν Τουτω Νικα :
« par ce signe tu vaincras ».
[4] Grégoire
de Tours, Histoire des Francs, II (576).
[5] Traduction
latine de la formule grecque Εν Τουτω Νικα :
« par ce signe tu vaincras ».
Fonte : Le Rouge & le Noir, 18 décembre 2015
Fonte : Le Rouge & le Noir, 18 décembre 2015
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